Une ancienne mine du Haut Couserans à Couflens-Salau, bien qu’en terrain amiantifère et en dépit de l’opposition de la commune, d’habitants de la vallée et de leurs soutiens associatifs, est convoitée à nouveau pour le tungstène (WO3) mais aussi pour l’or.

Près des sources de la rivière exceptionnelle qu’est Le Salat, la mine d'Anglade a été exploitée de 1971 à 1986, employant jusqu'à 140 salariés en provenance de régions minières et du Maroc en plus d'une main-d'oeuvre locale. Malheureusement, Il s’est avéré, notamment grâce aux travaux d’Henri Pézerat et d’Annie Thébaud-Mony venus enquêter à l’appel de syndicalistes, que les poussières de l’amiante (plus l’arsenic) présente dans les roches contenant le minerai, en suspension dans l'air des galeries en cours d'exploitation, avaient causé des pathologies pulmonaires graves (asbestoses).
18 ans plus tard, ce qui reste du minerai de tungstène est devenu à partir du 9 décembre 2014, la cible d’une demande de Permis Exclusif de Recherche de Mines pour cinq ans, de la part de la société Variscan Mines SAS qui est allé chercher ses fonds à Singapour et au paradis fiscal des Iles Vierges britanniques…
Il s’en est suivi 10 ans d’information, de contestations diverses et de luttes juridiques de la part de la commune, d’habitants de toute la vallée et au-delà, ainsi que des associations Couflens-Salau Demain, Henri Pézerat, le CEA, le Chabot, Stop Mine Salau, pour se débarrasser de ce PERM (néanmoins soutenu par une association avec une part de la population couseranaise et nombre d’élus hormis les deux députés), au nom de la protection de l’environnement et de la santé des travailleurs et des riverains.
La justice administrative a infligé successivement trois annulations du permis de recherches aux sociétés Variscan et Apollo Minerals, et au Ministère des finances, d’abord pour cause d’insuffisance de moyens financiers, puis de défaut d’information du public sur ces moyens, et en février 2024, faute d’ « une évaluation des objectifs de conservation du site » déclaré en zone Natura 2000.
En 2024, Le PERM de Couflens attribué pour 5 ans en 2017 est devenu caduque depuis février 2022, laissant le champ libre à une nouvelle demande, mais la clôture administrative des travaux réalisés à l’occasion de ce permis, ainsi que la fermeture de la mine n’ont toujours pas été exécutés par Variscan Mines et l’administration. Par ailleurs, nous sommes dans l’attente d’un nouveau jugement au Conseil d’État sur la validité juridique de ce permis puisque l’Etat a entrepris d’y contester la décision de février 2024 d’annulation de la Cour d’Appel de Bordeaux.
Or le 20 juin 2024, la SAS Néometal (actionnaires : Michel Bonnemaison, sa femme, et cinq autres) a adressé au Ministre chargé des Mines, une demande de Permis de Recherche de Mines (PERM) dit « Montagne Ariégeoise », d’une superficie de 101 km², pour cinq ans. Le dossier n’est pas encore à l’étude car renvoyé comme incomplet. Ce projet, d’un investissement total de 12.56 M€, s’articule autour de trois objectifs : développer l’étude du gisement de tungstène du Pic de la Fourque (commune de Couflens) ; estimer les extensions de ce gisement vers l’ouest et vers l’est (communes d’Ustou, Aulus les Bains, Auzat) ; évaluer la faisabilité d’une filière industrielle amont pour le tungstène.
Pour exposer ce nouveau projet, le président de Néométal, Emmanuel Henry, ancien directeur général de Trafigura, géant helvético-singapourien du négoce de matières premières, a réuni le 18 septembre les élus départementaux, président du PNR compris, et ceux des communes voisines concernées par ce projet d’exploration mais non pas les élus de la commune de Couflens : bref, çà commence bien mal cette nouvelle affaire que nous suivons de près avec les associations partenaires, en particulier Stop Mine Salau, fortes de l’expérience du précédent permis.
Plus que le tungstène dont rien ne prouve qu’il en reste plus que les 3500 tonnes inventoriées à la fin de l’ancienne exploitation par le BRGM, il semble bien que ce soit l’or qui attire la convoitise des porteurs du projet, tandis que l’amiante et ses ravages ne sont bien sûr même pas évoquées.
Les élus, hormis le Conseil de Couflens bien sûr, seront-ils dupes une nouvelle fois des boniments de Michel Bonnemaison ?
« Questions et positionnement du Comité Ecologique Ariégeois sur le projet minier de 09140 Couflens-Salau » 04 12 2015 : https://comite-ecologique-ariegeois.org/wp-content/uploads/2024/10/Questions-et-positionnement-du-Comite-Ecologique-Ariegeois-sur-le-projet-minier-de-09140-Couflens-Salau.pd
https://cea09ecologie.org/spip.php?article252
Reportage 20h de France2 avec la participation de Drone Sud Toulouse pour les images aériennes 08 03 2019 : « France 2 SALAU TUNGSTENE » : https://youtu.be/Mr2r4HaBXkg
Association SystExt : « La mine de tungstène de Salau : entre projet de réouverture et gestion de l’après-mine » 20 03 2022 :https://www.systext.org/node/1868
Affiche SMS Octobre-novembre 2024 : https://comite-ecologique-ariegeois.org/wp-content/uploads/2024/10/Affiche_Oct-2024_SMS2.pdf
Site Association Stop Mine Salau : https://www.stopminesalau.com/