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Extractivisme

« L’extractivisme est l’exploitation massive des ressources de la nature ou de la biosphère. L’extractivisme consiste à extraire, directement dans le milieu naturel et sans retour vers lui, des ressources naturelles qui ne se renouvellent pas ou peu, lentement, difficilement ou coûteusement. » wikipedia

Gravières de basse Ariège

Exploitants agricoles, élus, citoyens font le même constat : la surexploitation du granulat met en danger la ressource en eau de la grande nappe ariégeoise ainsi que des cours d’eau dans la zone d’extraction, bouleversant les activités économiques locales. Un bouleversement aggravé par la crise climatique. L’extraction engendre une forte émission de CO2. Le comblement par les déchets du BTP et l’utilisation des pesticides provoquent une pollution chimique de notre bassin hydrographique. La nappe phréatique de l’Ariège est menacée.

Mobilisation des associations de protection de la nature

Plus de 15 ans d'alertes

Depuis plus de 15 ans, les associations de protection de la nature effectuent un minutieux travail sur tous les fronts : Elles multiplient les alertes auprès des autorités préfectorales. Elles publient des communiqués de presse et les résultats des analyses qu’elles font réaliser de leur propre initiative sur la pollution des nappes phréatiques. Et elles ont pu sensibiliser le député Michel Larive, qui est intervenu en la matière. Leurs actions en justice successives ont néanmoins toutes été contrées par les grands groupes du BTP.
Ce n’est qu’en 2024 que l’administration a commencé à réagir, en mettant certains carriers en demeure de mise en conformité.

Ensemble avec plusieures APNE, le CEA poursuit au sein du collectif Stop Gravières son action pour la préservation de notre ressource en eau et de nos terres. 

La résistance s'amplifie

Les actions se durcissent et se diversifient depuis 2020 : des actions d’envergure comme Au Fil de l’Eau, La Gravière s’Amuse, La Gravière est une Ordure… permettent de mettre le focus sur un des problèmes environnementaux les plus préoccupants de la région.

organisé par le collectif Stop Gravières
organisé par XR Foix
organisé par XR Foix

Pollution de la ressource en eau potable

Mise à nue de la nappe phréatique, intervention subaquatique d’engins de chantier, dépot de déchets du BTP et d’autres déchets non inertes en cas de négligence des carriers. Cela concerne la ressource en eau potable de tout le secteur toulousain.

Des déchets du BTP directement dans la nappe alluvionnaire

Les sites de gravières jouissent d’une réglementation leur permettant de servir de dépôt de déchets du BTP dit « inertes » et d’enfouir ceux-ci dans la nappe en remplacement du gravier extrait. Mais le béton qui séjourne dans l’eau n’est plus un déchet inerte : il dégage au terme de réactions chimiques, de l’aluminium. Les analyses réalisées par les associations ont d’ailleurs mis en évidence l’augmentation de ce métal dans des points d’eau proches.

Pas de contrôle indépendant du type de déchets

Ce sont les sociétés de carriers elles-mêmes qui sont chargées de contrôler le contenu des camions de déchets du BTP en provenance des chantiers pour être déposés sur les sites puis enfouis dans l’eau de la nappe. Or l’expérience a largement montré la « faiblesse » des auto-contrôles de ces gros volumes de déchets.

Et ce n'est pas tout ...

Près de 800 ha de belles terres agricoles en voie de destruction

Ces terres agricoles de plaine sont souvent déjà équipées en drains et dispositifs d’arrosage. Après l’exploitation des gravières, elles seront transformées en terrains de moindre valeur agricole. De la terre végétale sera rapportée sur les déchets du BTP enfouis.

Des graviers d'excellente qualité pour le tout venant

Les graviers extraits de la nappe alluvionnaire sont reconnus de qualité exceptionnelle. Mais elles servent à toutes sortes de bétons, alors qu’ils devraient être réservés à des ouvrages particuliers. En revanche, il n’y a pas d’extraction dans les collines alluvionnaires plus éloignées de la rivière. Elles seraient moins rentables, mais serviraient une bonne partie des besoins.

Par la route et pour la route

Les quantités de graviers extraits, sans commune mesure avec les besoins de l’Ariège, sont le plus souvent exportées par la route (faute des équipements ferroviaires théoriquement prévus) vers des chantiers d’utilité tout à fait contestables (A69, etc…) du point de vue de l’intérêt général et du bien commun.

Assèchement des sources et des sols

Remplacer les graves de la nappe d’accompagnement de l’Ariège par des déchets du bâtiment modifie profondément l’écoulement de celle-ci et produit un assèchement des sources et des sols environnant dont se plaignent à juste titre mais en vain les riverains agriculteurs et les propriétaires de bâtiments et d’arbres impactés.

Mines

L’Ariège est déjà marquée par l’exploitation passée de mines et par l’ensemble des conséquences de la cessation d’une activité minière. 
Une récente demande de permis concernant la mine de Salau est très préoccupante et a ravivé le réseau s’opposant à sa réouverture.

Mine de Salau

Une ancienne mine du Haut Couserans à Couflens-Salau, bien qu’en terrain amiantifère et en dépit de l’opposition de la commune, d’habitants de la vallée et de leurs soutiens associatifs, est convoitée à nouveau pour le tungstène (WO3) mais aussi pour l’or.

Exploitation de 1971 à 1986

Près des sources de la rivière exceptionnelle qu’est Le Salat, la mine d’Anglade a employé jusqu’à 140 salariés. Malheureusement, Il s’est avéré que les poussières de l’amiante présente dans les roches contenant le minerai avaient causé des pathologies pulmonaires graves (asbestoses).

Décharges de produits toxiques

L’extraction de minerais implique la production de tonnes de matériaux toxiques. Aucun traitement possible alors c’est déposé sur la montagne ou mieux : juste au dessus de la rivière,  dans des big bags qui se déchirent.

Nouveaux permis en vue !

La justice administrative a infligé successivement trois annulations au permis de recherches.
Mais en juin 2024, une nouvelle demande de Permis de Recherche de Mines (PERM), pour une superficie de 101 km², a été adressée au Ministre chargé des Mines.

Les anciennes mines du Biros

Ces mines de plomb et de zinc, ouvertes en 1853 et fermées en janvier 1954 ont joué durant un siècle un rôle important dans le développement industriel local, elles n’en ont pas moins pollué pour longtemps le secteur de Sentein et les sédiments du Lez.

Haute mine du Bentaillou
Le Lez et ses sédiments pollués
Le minerai était descendu jusqu'à la laverie de La Plagne

La distinction entre mine et carrière tient à la nature du matériau extrait (stratégique ou précieux pour la mine, de moindre valeur pour la carrière)

Les carrières de calcaire à granulats

La roche calcaire est extraite à l’explosif et broyée sur place dans des carrières à ciel ouvert pour être vendue sous forme de granulats servant aux bétons, aux chemins et aux sous-couches des routes. Les 5 carrières actuellement en exploitation en Ariège sont autorisées au total à une exploitation théorique d’environ 650 000 tonnes/an.

La carrière de Bédeilhac : rejet du projet d'extension

Le projet de carrière de granulats calcaire prévu en extension de l’ancienne carrière Cuminetti dont l’exploitation s’est finie fin 2009, se situait dans le PNR, dans une zone Natura 2000 et Znieff, à 500 m d’une grotte classée monuments historiques, au pied des ruines du château cathare du Calamès et à 140 m des premières habitations du village… Beaucoup d’oppositions à ce projet se sont levées à partir du moment où le CEA a commencé à alerter, par tract, les citoyens de Bédeilhac en novembre 2013. Une association d’opposants s’est constituée sur la commune : « Les gardiens du Calamès »… Et la mobilisation a payé !

La carrière de Sabarat : une opposition victorieuse au projet d'extension

2017 : Grâce à la mobilisation de l’association « Quel avenir pour notre vallée »  et du CEA, avec l’aide aussi de l’avis du Conseil National de la Protection de la Nature en défaveur du projet d’extension, sur invitation de la Préfète, le porteur du projet, Mr Zago, a retiré son projet.

Une carrière de roche tendre : la carrière de talc de Trimouns

La plus grande carrière de talc au monde est exploitée par le groupe franco-belge Ymeris. Fondée en 1905, elle est située sur le flanc du pic de Soularac, à 1800 m d’altitude. D’une superficie de 1113 ha, le gisement s’étend sur le territoire des communes de Lordat, Vernaux et Bestiac et un peu sur celle de Montségur.

Encourtiech

250 000 tonnes autorisées, concession jusqu’en 2030, 2 salariés, production 45 000 tonnes/an : anciennement carrière Mallet-Soum, actuellement SPIE-Batignolles, à priori pas de problèmes, travaillent correctement, en face de la papeterie dans un environnement industriel et de routes à fort passage.

Raissac Péreille (Plantaurel)

Rescanières SAS (extension 2012) 250 000 tonnes de calcaire : les nouveaux exploitants sont mieux que ceux qui y étaient à l’origine. Les habitants de Péreille semblent s’y être habitués et le front de taille semble s’éloigner du village en s’enfonçant.

Au col de Py à l’Herm (Plantaurel)

Exploitation par « Calcaires du Plantaurel » de 150 000 tonnes/an. Pas de gros problèmes a priori, pas d’opposition locale.

Les carrières de marbre du Couserans

La part relativement faible de la production de roches ornementales et de construction ne doit pas masquer l’importance de ces extractions qui très souvent se concentrent dans des zones à enjeux environnementaux très forts (Natura 2000, ZNIEFF, réserves, corridors écologiques…).
Dans des conditions de crise environnementale, d’effondrement de la biodiversité, ces zones refuges doivent être fortement protégées.
Dans notre département, les marbrières concentrées en zone de montagne sont isolées et éloignées des moyens de transports non générateurs de CO2.
Elles font l’objet d’oppositions locales fortes, justifiées par les nuisances transports, bruits, risque d’accidents sur des réseaux routiers totalement inadaptés.
Pour pouvoir fonctionner il leur faut des infrastructures routières adaptées à la circulation de poids lourds de plus de 40 tonnes. Or les autorisations ont été données sans tenir compte de cette spécificité.
La construction ou mise aux normes des ouvrages d’art et des routes signifient d’énormes dépenses à financer par le contribuable. Pourtant les carriers auraient largement les moyens de les financer, le marbre valant entre 750 € et 2500€ la tonne.

La carrière de Saint Lary

Le tribunal administratif de Toulouse suspend l’exécution d’un arrêté d’autorisation de création d’une carrière de marbre dans la vallée de Saint-Lary (09)
Une victoire hautement saluée par les associations écologistes.

La carrière d’Estours

Voilà une carrière qu’on exploite alors que beaucoup de contraintes n’ont pas été observées : présence d’une maison proche (150m), source alimentant le village sur le même versant, étude géologique, géomorphologique et pédologique non réalisée…

La carrière de Montégut en Couserans

Ancien site actuellement convoité par la soc Escavamar – MAP qui a été appelée par la commune pour purger les parois. En échange de quoi, la société prend des blocs du marbre « noir de noir », des échantillons qui prendront la direction de Carrare pour juger de la qualité et de l’importance du gisement. Le maire a déclaré qu’en cas de demande d’autorisation, au maximum 20 blocs seraient extraits chaque année. Le CEA est attentif à la suite qui sera donnée.

La carrière de Moulis

Carrière d’Aubert Grand antique Marbre noir (Georgio Rivieri ESCAVAMAR. MAP) aucun emploi mais déjà 705 000 € dépensés publiques + 500 000€ à prévoir pour le pont !
D’après les élus, la presse, et les services de l’état, cette carrière est un exemple. Elle est surtout un exemple de lobbying : statues dans tous les coins de la commune, à la piscine de Saint-Girons, sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, Journées du Marbre avec grand renfort de publicité dans les médias locaux, participation à Autrefois le Couserans et la visite du député Michel Larive.
Pourtant l’industriel ne respecte pas l’ arrêté préfectoral : Les dispositifs de prévention des pollutions ne sont toujours pas en place, le raccordement au réseau électrique n’est toujours pas fait. Suite aux dégats importants sur le petit pont historique sur le Lez, la construction d’un nouveau s’impose pour un coût estimé environ 500 000 €. Pour l’instant, on traverse le Lez à gué sans aucune précaution et sans autorisation. Le rond point qui a couté 705 000 € au conseil départemental est terminé. En tout, plus de 1200 000 € auront été investi (sans compter le chemin sur berge). Il serait tout à fait opportun de demander une contribution au carrier, qui compte bien faire de bonnes affaires chez nous.

Le Schéma régional des Carrières SRCO

Face au groupe des géants du BTP qui élaborent en connivence avec l’administration le SRCO aux orientations toutes consuméristes, nous demandons un moratoire sur tout nouveau projet d’extraction en Ariège et l’arrêt immédiat de l’enfouissement des déchets du bâtiment dans la nappe alluvionnaire. L’adaptation de l’industrie au défi environnemental de notre planète doit être planifiée et accompagnée.
C’est pourquoi FNE-OP, Le Chabot, le CEA ont déposé le 13 aout 2024 un recours auprès du TA Toulouse demandant l’annulation de l’arrêté du 16 février 2024 portant approbation du Schéma Régional des Carrières de la Région Occitanie, SRCO.