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jeudi 31 décembre 2020
Le CEA contre les dérogations abusives pour faire plaisir aux chasseurs
MàJ le 16 novembre 2020 - Communiqué de presse du CEA auprès des médias ariégeois :
DES DEROGATIONS ABUSIVES POUR FAIRE PLAISIR AUX CHASSEURS
Pendant que le petit commerce, la culture, les activités sportives sont en péril, la Ministre de la Transition Écologique et la Préfète de l’Ariège ont trouvé urgent de déconfiner les chasseurs !
Suite à la demande du ministère de la Transition écologique aux préfets de mettre en œuvre des dérogations au confinement en matière de régulation de la faune sauvage et de destruction d’espèces animales susceptibles d’occasionner des dégâts, la préfecture de l’Ariège a émis un arrêté le 6 Novembre qui stipule entre autres :
– « Considérant qu’il est nécessaire de réguler les populations de grands gibiers responsables de collisions routières et de l’accroissement des dégâts faits aux cultures et aux forêts durant la saison 2019-2020 ; » et « Considérant que les dégâts aux cultures et/ou les risques de collisions routières occasionnés par le grand gibier sont très importants dans le département de l’Ariège ; »
Cet argument ne repose sur aucune donnée chiffrée, avérée, alors que les collisions routières seraient facilement quantifiables. Quant aux dégâts faits aux cultures et aux forêts en Novembre, aucune donnée ne permet non plus de suivre ne serait-ce qu’une évolution statistique et une corrélation avec des actions de chasse territoire par territoire.
Alors que la saison de chasse a été considérablement allongée ces dernières années, ce mois de novembre 2020 confiné pour la plupart des citoyens n’est absolument pas indispensable pour réaliser une régulation qui pourrait s’opérer jusqu’au 21 février pour le grand gibier et la plupart des animaux visés dans l’arrêté.
– « Les espèces pouvant être régulées par la pratique de la chasse en battue et à l’affût sont le sanglier, le chevreuil et le cerf. Le renard peut être tiré à l’occasion de ces actions de chasse en battue. »
Il s’agit là d’une autorisation exceptionnelle accordée aux chasseurs de tirer les renards tant et plus, comme ils le veulent ! Or, le renard est de facto un allié objectif des agriculteurs puisque chaque individu de l’espèce consomme des milliers de campagnols et mulots chaque année.
Pour toutes ces raisons, le Comité Écologique Ariégeois (CEA) s’oppose vigoureusement à cet arrêté préfectoral qui, de plus, est une véritable provocation vis-à-vis des citoyens confinés et des entreprises interdites d’activités (notamment les petits commerces de centre ville telles les librairies, les restaurants, les cafés, mais aussi les artistes, et les lieux culturels, la plupart des clubs sportifs ou salles de sports).
Face à cette injustice criante, le CEA se réserve le droit de contester juridiquement cet arrêté absurde et infondé, pris avec l’alibi douteux de l’intérêt général.
Azinat fait paraître : https://www.azinat.com/2020/11/le-cea-denonce-des-derogations-abusives-pour-faire-plaisir-aux-chasseurs/
Vendredi 13 novembre
Le CEA est aussi partie prenante de ce communiqué de presse de FNE MP :
DES DEROGATIONS ABUSIVES POUR FAIRE PLAISIR AUX CHASSEURS (DE)CONFINÉS
Tous les départements de Midi-Pyrénées peuvent désormais chasser pendant cette période de confinement. Les situations sont toutefois différentes d’un département à l’autre, témoignant d’un poids plus ou moins important des fédérations de chasse auprès des représentants de l’Etat. Si certaines espèces de gibier (notamment les cervidés et le sanglier) peuvent causer des dégâts avérés, nos associations environnementales ne peuvent pas cautionner que certains en profitent pour chasser d’autres espèces de façon injustifiée en ces temps de risques sanitaires importants. Nous allons en conséquence, déposer des recours auprès des préfets concernés pour dénoncer ces dérives.
Des espèces chassables sans justificatifs
Tous les préfets ont autorisé la chasse à l’affût ou en battue du cerf, du chevreuil et du sanglier, et parfois même du daim et du mouflon. Mais, à l’exception notable du Lot, les arrêtés ont également permis sous diverses formes, le tir du renard, du pigeon ramier, des grands cormorans (espèce protégée !) et les activités de piégeage de nombreuses espèces telles que : la fouine, le rat musqué, la corneille noire, le ragondin, le vison d’Amérique, la pie bavarde.
Si des données chiffrées sont précisées pour les trois premières espèces, les représentants de l’Etat sont en peine de démontrer en quoi tirer la pie bavarde, le ragondin, la martre ou autres, permettrait de limiter des dégâts aux cultures.
Pire, le tir du renard serait d’intérêt général alors que celui-ci permet justement de réguler des milliers de campagnols par an[1], et aussi très probablement de limiter la transmission de la maladie de Lyme[2].
FNE Midi-Pyrénées va saisir les préfets de Midi-Pyrénées de recours gracieux
Sans justifier d’une quelconque urgence, ces arrêtés ont été signés sans consultation préalable, en violation du principe de participation du public, pourtant constitutionnellement reconnu par l’article 7 de la Charte de l’environnement.
Face à cette situation inacceptable pour nos associations, nous demandons aujourd’hui aux préfets de modifier leurs arrêtés sans délais, pour garantir l’intérêt général au sens du décret n°2020-1310 du 29 octobre 2020.
Pour Thierry de NOBLENS, Président de FNE Midi-Pyrénées :
« Il est parfaitement incompréhensible de priver les citoyens –mais aussi les naturalistes- d’accéder à la nature et en même temps, de laisser des espèces être tirées sans apporter des justificatifs de leurs potentiels dégâts. D’autant plus que les saisons de chasse se sont considérablement rallongées ces dernières années, notamment pour le sanglier, mais aussi pour le chevreuil et le cerf. Ce mois de novembre confiné n’est donc absolument pas indispensable pour réaliser une quelconque régulation qui pourrait s’opérer jusqu’au 28 février pour la plupart des animaux concernés. »
Vendredi 6 Novembre :
Voici ci-joint l’arrêté préfectoral qui vient de sortir, qui est immédiatement applicable (dès ce week-end) et qui autorise la chasse pendant la période de confinement général :
Donc résumons la situation en France en Novembre 2020 : Des centaines de milliers de personnes se retrouvent sans activités, contraintes de stopper leurs métiers, je pense particulièrement aux petits commerçants et aux artisans des centre-villes, je pense également aux étudiants enfermés dans leurs chambres, parfois sans liaison Internet fautes de moyens et forcément aussi aux malades de plus en plus nombreux qui luttent contre ce virus, et les soignants de plus en plus dramatiquement sollicités.
Tout ce monde va pouvoir assister aux exploits de nos chasseurs locaux qui jusqu’à 30 par battues vont parcourir la campagne partout en Ariège avec la possibilité de tuer des sangliers en nombre illimité !
Ils pourront aussi tirer à l’occasion le renard sans que rien ne lui soit reproché, lui qui prédate efficacement le mulot (en moyenne 6000 par an et pas renard)...
Ce gibier sera ensuite dépecé et partagé entre les chasseurs pour remplir les congélateurs et se gaver de viande pour toute l’année.
Vous trouvez cela normal ? Cette crise sanitaire est en train de décupler les inégalités entre nous, et les dégâts potentiels (non chiffrés) de nos cervidés et sangliers sont considérés comme bien plus important que la faillite de nos petits commerçants, la mort de nos centre-ville et l’équilibre psychologique de nos citoyens confinés les plus défavorisé.
Il y a là réellement deux poids et deux mesures, et on ne peut rester indifférent.
Exprimez-vous cher lecteur, plus on sera nombreux et plus nous pourrons nous opposer à ce scandale à la fois écologique et social !
Nous nous réservons en tout cas la possibilité de porter plainte de cet arrêté devant la justice.
Le lobby de la chasse est particulièrement efficace en France, en voici une nouvelle démonstration : Alors que nombre de petits commerçants de centre ville sont contraint de mettre la clef sous la porte, accélérant l’agonie du centre des petites et moyennes agglomérations, alors que même les missions scientifiques des naturalistes sont mises entre parenthèses, les chasseurs vont pouvoir abattre du gibier comme si de rien n’était, il suffira que la préfecture autorise telles ou telles espèces pour telles ou telles quantités (afin de stopper la « prolifération » (sic) de certains grands gibier et également « décimer la vingtaine d’espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ».
Vous trouvez normales cette floraison de dérogations préfectorales concernant une activité de loisir mortifère vous ?
Pas le CEA en tout cas, nous sommes choqués par cette information et nous nous réservons le droit (tout comme la Ligue de Protection des Oiseaux entre autre) d’attaquer les arrêtés en référé s’il n’y a pas une démonstration très claire des dégâts occasionnés par les espèces visées.
Voir aussi leblog de l’ASPAS sur ce dossier :
Extrait :
Mise à jour du 2 novembre à 12h40 : 500 000 sangliers tués d’ici la fin de l’année !! C’est ce qu’annonce la circulaire du Ministère de la Transition Ecologique envoyée ce matin aux Préfets, qui invite à une « mobilisation active des chasseurs » en plein confinement !! (pour lire la circulaire, c’est ici).
Bonne nouvelle en revanche : toutes les autres chasses dites de « loisir » sont interdites… y compris la si décriée chasse à courre ! De même que l’agrainage…
Voir en ligne : D’après l’article de libération du 2 Novembre 2020.