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mardi 30 janvier 2024
Buvons-nous de l’eau en bouteille non conforme depuis des années ?
Articles du Monde et de la cellule d’investigation de Radio France
Le journal Le Monde publie cet article ce mardi 30 janvier 2024 :
Eaux en bouteille : des pratiques trompeuses à grande échelle
Extrait :
Pendant des années, des eaux vendues comme « de source » ou « minérales naturelles » ont subi des techniques de purification interdites. Selon une enquête conjointe du « Monde » et de Radio France, un tiers au moins des marques françaises sont concernées, dont celles de Nestlé, qui a reconnu ces pratiques. Informé depuis 2021, le gouvernement a assoupli la réglementation dans la plus grande discrétion.
Dans un rapport remis au gouvernement en juillet 2022, l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) estime que 30 % des marques françaises ont recours à des traitements non conformes – sans que les raisons qui poussent les industriels à les mettre en œuvre soient toujours élucidées. Le rapport, que Radio France et Le Monde ont pu consulter, a été soumis à un secret quasi absolu. Il a très peu circulé à l’IGAS et dans les administrations impliquées, de peur de le voir fuiter – plusieurs sources interrogées invoquent un « important risque médiatique » en cas de divulgation du texte. Et pour cause. « La mission n’a pas de doute sur le fait que la proportion de 30 % [des dénominations commerciales concernées] sous-estime le phénomène et que l’ensemble des minéraliers soient concernés », y lit-on.
Nombreuses pratiques qualifiées de « frauduleuses »
L’affaire commence fin 2020, comme un polar. Un ancien employé de la société Alma (Cristalline, St-Yorre, Chateldon, Vichy Célestins…) signale à la direction générale de la concurrence, du commerce et de la répression des fraudes (DGCCRF) des pratiques suspectes dans une usine du groupe. Une enquête administrative est lancée et, le 10 décembre 2020, les usines sont perquisitionnées par le service national des enquêtes de la DGCCRF, comme le rapporte le quotidien La Montagne, à l’époque.
Une note des enquêteurs liste de nombreuses pratiques identifiées sur place, qu’ils qualifient de « frauduleuses » : « mélanges d’eaux non autorisés de plusieurs sources exploitées par une même usine », mélanges occasionnels avec « l’eau du réseau » – c’est-à-dire celle du robinet –, « adjonction de gaz carbonique industriel dans des eaux minérales dites “naturellement gazeuses” », « traitements non autorisés pour prévenir ou traiter les contaminations épisodiques survenant à la source », « injection de sulfate de fer », « utilisation de filtres à charbons actifs en grains », des « pratiques de microfiltration non autorisées », la désinfection de l’eau à l’ozone et la « filtration de l’eau aux UV ».
Le reste de l’article : https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/01/30/eaux-en-bouteille-des-traitements-non-conformes-utilises-a-grande-echelle_6213815_3244.html
Nous pourrons envoyer cet article complet à 5 adhérents sur simple demande. (Règlement interne du Monde)
Et la cellule d’investigation de Radio-France publie également son article intégralement en ligne : https://www.radiofrance.fr/franceinter/nestle-et-d-autres-industriels-ont-purifie-illegalement-de-l-eau-contaminee-pour-continuer-de-la-vendre-6817370
Extrait :
Lorsqu’une information nous indispose, feignons d’en être les organisateurs. Dans un article intitulé “Perrier, Vittel, Contrex : Nestlé fait son mea culpa”, le journal Les Échos révélait le lundi 29 janvier 2023 que “pendant des années, Nestlé avait enfreint la réglementation pour maintenir la sécurité de ses eaux”. Cette opération “mea culpa” de la part de la multinationale a en réalité été orchestrée par ses équipes de communication.
Nestlé a feint de jouer le jeu de la transparence médiatique parce qu’elle savait, à travers les questions que nous lui avions envoyées, que Le Monde et la cellule investigation de Radio France s’apprêtaient à publier une enquête embarrassante révélant la nature de ses pratiques. Une enquête que nous conduisons depuis plusieurs mois, et qui révèle une affaire bien plus complexe que ce que le géant suisse voudrait faire croire.
L’association de défense des consommateurs Foodwatch a annoncé à France Inter mardi soir qu’elle allait porter plainte pour "tromperie".
Une étrange réunion
Le point de départ de cette enquête est une réunion interministérielle qui a eu lieu en février 2023, sous la houlette de Matignon, et des ministères de l’Économie et de la Santé. Au menu des discussions : l’entreprise Nestlé et ses sites français de production d’eaux en bouteille. Dans le compte-rendu de cette réunion, que Le Monde et la cellule investigation de Radio France se sont procuré, il est question de plans “d’actions” et de “transformation” des usines de conditionnement d’eau de Nestlé, et de “surveillance renforcée bactériologique et virologique de la qualité de l’eau”.
Il est aussi indiqué qu’“en réponse aux demandes de l’industriel”, et après “différents échanges avec des représentants de Nestlé Waters”, le cabinet de la Première ministre, Élisabeth Borne, accorde à Nestlé “la possibilité d’autoriser par modification des arrêtés préfectoraux la pratique de la microfiltration inférieure à 0,8 micron”. Intrigués par ce document en apparence assez technique, Le Monde et la cellule investigation de Radio France ont découvert l’existence d’une tromperie qui dure depuis des années
https://www.radiofrance.fr/franceinter/nestle-et-d-autres-industriels-ont-purifie-illegalement-de-l-eau-contaminee-pour-continuer-de-la-vendre-6817370
Mis en Ligne le 28 avril 2013
Les résidus médicamenteux polluent de manière croissante les milieux aquatiques dans l’hexagone. Cette association regroupe des personnels de santé, notamment des médecins ce qui souligne la portée de ses mises-en-garde.
La principale source de contamination reste la consommation de médicaments par la population.
Une brochure de l’Association Santé Environnement France fait le point sur la pollution de l’eau en France par les résidus médicamenteux, entendus comme la molécule mère, les métabolites excrétées et les métabolites environnementales résultant de la transformation dans l’environnement.
Ces résidus trouvent leur origine, d’une part, dans les sources d’émissions diffuses, tels que les rejets via les urines et les selles des populations, des animaux de compagnie et d’élevage, d’autre part, dans les sources d’émissions ponctuelles, comme les rejets de l’industrie chimique fine, de l’industrie pharmaceutique, des établissements de soins, des élevages industriels d’animaux et piscicoles ou des épandages de boues des stations d’épuration.
Or, les stations d’épuration (STEP) urbaine ne sont, pour l’instant, pas capables de dégrader la totalité de ces résidus si bien qu’une partie peut être rejetée dans les cours d’eau ou se retrouver dans les boues d’épuration destinées à être épandues dans les champs. Une étude a démontré qu’une STEP traitant les eaux d’un CHU laissait passer 36 résidus de médicaments. De plus, les sols peuvent être également contaminés par les déjections d’animaux traités ou par les fumiers et purins produits dans les étables.
Pour ne rien arranger, la consommation de médicaments est toujours orientée à la hausse - pour la seule année 2011, 3,12 milliards de boîtes de médicaments ont été consommées. La France reste le plus gros consommateur européen de médicaments. Il n’est alors guère surprenant que la présence des résidus médicamenteux dans l’eau soit en corrélation avec cette surconsommation.
Une campagne d’évaluation menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) en 2011 et portant sur 45 substances pharmaceutiques d’origine humaine ou vétérinaire a mis en exergue une présence importante de résidus médicamenteux dans l’eau. Ainsi, sur un quart des 285 échantillons traités, les analyses ont révélé la présence simultanée de 4 molécules. Parmi les 45 recherchées, 19 ont été détectées au moins une fois, dont un anxiolytique - l’oxazépam et un antiépileptique - la carbamazépine.
La présence de ces résidus constitue un risque sanitaire reconnu, même s’il reste encore difficile à évaluer, en particulier une exposition chronique à plusieurs substances de façon simultanée. Parmi ces risques, une étude a pu établir que la présence d’antidépresseurs et de psychotropes dans l’eau potable pouvait activer l’expression de gênes associés à l’autisme. D’autres études ont mis en évidence des anomalies du développement embryonnaire, la stérilité, l’hermaphrodisme ou encore la diminution de la biodiversité bactérienne.
Les résidus de certains types de médicaments sont particulièrement préoccupants. Ainsi, les molécules d’oestrogènes (présents dans les pilules contraceptives) peuvent produire des troubles de la reproduction chez les animaux aquatiques. Les antibiotiques peuvent également être toxiques pour les algues vertes et bleues et rendre les bactéries plus résistantes. Enfin, les molécules liés aux anticancéreux présentent généralement des propriétés carcinogènes, mutagènes et génotoxiques.
Pour faire face à ce risque, un Plan national sur les résidus de médicaments dans l’eau a été lancé en mai 2011, afin notamment d’améliorer les connaissances, d’évaluer les risques et d’engager des actions pour diminuer les résidus dans l’eau. L’objectif principal étant d’encourager une réduction à la source plutôt qu’un traitement en bout de chaîne.