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dimanche 15 octobre 2017
Le dossier OURS par Média-Cités Toulouse
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L’ours des Pyrénées, tout un business !
Derrière les tensions entre écologistes et éleveurs, la question de l’économie induite par la présence de l’ours dans le massif pyrénéen divise elle aussi. Entre coût avéré, potentialité inexplorée et silence politique, enquête sur l’introuvable manne de l’ours.
Dans un dossier où les positions des « pro » et « anti » sont traditionnellement figées, peu de monde a vu venir cette annonce. Jeudi 14 septembre, lors d’une conférence de presse à Foix, l’Association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège Pyrénées (ASPAP), opposante historique à la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées, indique s’être résolue à l’existence d’une « zone où la présence des prédateurs est tolérée ». Une décision « crève-coeur » reconnaît Philippe Lacube, son porte-parole. Concrètement, il s’agit de créer dans la montagne une « zone de présence », entourée d’une « zone tampon » (de laquelle l’ours serait systématiquement renvoyé dans la « zone de présence »), pour faire du reste du massif une « zone d’exclusion ». Une solution inspirée de l’expérience menée dans le parc des Abbruzes en Italie.
En ligne de mire, un territoire compris entre le Val d’Aran, le Couserans ariégeois et l’extrême sud de la Haute-Garonne, au cœur de ces Pyrénées centrales où se massent l’essentiel des 39 ours du massif, selon le rapport annuel 2016 de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Bien qu’en désaccord sur le principe d’une « zone d’exclusion », Alain Reynes, directeur de l’association Adet-pays de l’Ours, fer de lance du camp « pro-ours », prend acte de cette « évolution notable et appréciable ». Une « évolution » qui remet sur la table un sujet souvent ignoré : celui de l’économie de l’ours.
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Des effets économiques “indirects mais bien réels”
Le suivi et la protection du prédateur mobilise, lui-aussi, des ressources et fait donc vivre l’économie locale. Le réseau ours brun (ROB), missionné par l’ONCFS, emploie quatre fonctionnaires permanents et à peu près autant d’agents saisonniers. Il fonctionne avec un budget annuel de 180 000 euros. L’association Adet-pays de l’Ours, créée « pour initier et promouvoir le retour de l’ours dans les Pyrénées centrales », emploie, elle, cinq salariés et est financée par des subventions, des adhésions, des dons et quelques ventes de produits.
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“Un papier sur Bayrou nous rapporte beaucoup moins de lecteurs [qu’un article sur l’ours]”
Seul point d’accord entre les deux parties : l’ours est un marqueur fort du territoire. Journaliste depuis trente ans dans le Béarn, d’abord à Sud-Ouest puis pour le site aqui.fr, Jean-Jacques Nicomette confirme : « C’est un dossier que les journalistes considèrent comme important dans la région, assure-t-il. Et un vrai sujet de débat. La question environnementale intéresse beaucoup nos lecteurs et les sujets sur l’ours sont les plus lus. Un papier sur Bayrou nous rapporte beaucoup moins de lecteurs… » Si le plantigrade recueille plus d’audience que le maire de Pau, ne pourrait-il pas générer quelques ressources supplémentaires ? La perspective du développement d’un écotourisme spécifique autour de ce grand prédateur a-t-elle été creusée ? « Je vous mets au défi de trouver une étude sérieuse, non militante et documentée sur la question des ressources économiques générées par la présence de l’ours », répond Didier Hervé, directeur de l’Institut patrimonial du Haut Béarn (IPHB).
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Les craintes des touristes
A la tête de la direction du développement territorial de l’économie et du tourisme du conseil départemental de l’Ariège, Pascal Alard, a, lui, quelques réponses : « Il y a bien des gens intéressés pour aller voir trois crottes et quelques poils, mais franchement, c’est infime. En revanche, on reçoit beaucoup de courrier de personnes souhaitant s’assurer qu’elles ne croiseront pas l’ours lors de leur randonnée… Cet été, 40 000 personnes sont montées au plateau de Beille. Ce sont des nuitées d’hébergement, des repas. Si l’ours s’installe durablement dans la zone, qu’est ce qu’on fera pour la sécurité ? Il faut prendre nos responsabilités. » C’est-à-dire ? « Si on veut conserver les ours, à un moment ou à un autre, il faudra des zones réservées dans lesquelles on concevra un produit économique ». Une vision proche de la proposition de l’ASPAP, même si cette dernière ne se prononce pas sur l’éventuelle exploitation économique qui pourrait être faite de la « zone de présence » des ours.
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L’agneau broutard du pays de l’ours, un succès économique éphémère
Quelques initiatives allant dans ce sens ont vu le jour. Avec un succès relatif. « Il y a une quinzaine d’années, nous avons travaillé sur la valorisation de la viande d’”agneau broutard du pays de l’ours”, commercialisé en circuit court, explique Alain Reynes. Huit éleveurs avaient suivi et ça avait plutôt bien marché : ils augmentaient leur bénéfice au kilo de 50 % ». Faute de voir le réseau d’éleveurs s’élargir, l’expérience n’a cependant pas duré. Certains ont pris leur retraite, d’autres ont cédé aux pressions du « lobby agricole », pointe-t-il. Une accusation difficile à vérifier, même si le mépris avec lequel Franck Watts évoque l’initiative confirme qu’une partie des éleveurs du département ne l’ont guère apprécié.
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L’ours fait un carton dans les musées
Pour changer d’échelle, il faut donc quitter la montagne et redescendre un peu. Jusqu’à Toulouse, par exemple, où le museum d’histoire naturelle a proposé une exposition « Ours, mythes et réalités » entre octobre 2013 et juillet 2014. Un succès, avec 125 000 entrées – soit la deuxième meilleure fréquentation jamais enregistrée. Son coût ? 500 000 euros – « amortis entre la billetterie et la vente de l’expo en itinérance », explique Francis Duranthon, directeur du museum. Car l’expo Ours se vend bien, et loin : 500 000 personnes l’ont vu depuis son inauguration et elle sera bientôt présente en Belgique. « Cet argent a été injecté dans l’économie locale, ajoute-t-il. On a fait travailler 25 entreprises. » Gaëlle Cap-Jedikian, cheffe du projet, complète : « Pendant quatre années, un tiers de l’équipe du museum (environ 50 personnes) a, à un moment ou à un autre, contribué à cette expo. » De plus, les livres, jeux et peluches dédiés à l’ours sont venus garnir les rayons de la boutique (300 000 euros de chiffre d’affaires par an).
Ce succès confirme l’intérêt du public pour l’ours. Mais l’expo a aussi été possible parce que les organisateurs avaient veillé à intégrer « pro » et « anti » dans le comité de pilotage. « On n’est pas sur le territoire immédiat de l’ours, ici. On est en contexte urbain. Donc pas question de donner des leçons à qui que ce soit », explique Gaëlle Cap-Jedikian. Pour le journaliste Jean-Jacques Nicomette, « le sujet est trop sensible pour prendre parti [dans une exposition] ». Jean-Jacques Camarra, responsable du Réseau ours brun (ROB) et de l’équipe Ours de l’ONCFS, est sur la même ligne : « Sur ce dossier, il ne faut pas être frontal, il faut au contraire user de temps et de stratégie pour faire avancer les choses. »
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