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jeudi 28 mars 2013
Les microcentrales et les énergies renouvelables
Si cette énergie produite pouvait permettre l’arrêt des centrales nucléaires ou au charbon, gaz et fuel, nous serions peut-être d’accord pour en discuter.
Ce n’est pas le cas ; tout au contraire !
Le surplus de production d’énergies renouvelables prévu par le Grenelle II a été absorbé par l’augmentation de la consommation en moins d’une année !
Il n’y a aucune issue possible en augmentant simplement la production !
Donc c’est vers la consommation qu’il faut se tourner ;
La consommation d’électricité en France se divise grossièrement en trois tiers :
- le courant de « base », produit et consommé en permanence ;
- un tiers correspondant aux variations saisonnières ;
- le reste équivaut aux variations journalières ;
Pour les 33% du courant de base les centrales hydrauliques au fil de l’eau, les microcentrales, le nucléaire, l’éolien (irrégulier) pourraient convenir.
Pour couvrir les variations saisonnières nous restent que les centrales nucléaires et dans une moindre mesure les barrages de haute montagne. Les microcentrales sur des cours d’eau de montagne produisent leur maximum à l’automne et au printemps (précipitations et fonte des neiges), à contre courant des besoins maximum en hiver (chauffage) et en été (climatisation).
Pour répondre aux variations journalières seuls les barrages à accumulation de montagne, les centrales à gaz et fuel sont capables de réagir assez vite pour répondre aux besoins fluctuants pendant une journée.
L’électricité d’origine solaire, un peu à part, correspond bien aux besoins liés à la climatisation. (Quand il a du soleil, il fait souvent chaud.) De là à recouvrir des terres agricoles avec des champs de panneaux, il y a un pas à ne pas franchir. Les surfaces de toits bien orientées devraient être équipées en priorité. De même les grands parkings où les panneaux en plus procureraient de l’ombre.
Où est le problème ?
87% de la production électrique en France ne peut être absorbé que par les 66% de la consommation de base augmentée des variations saisonnières.
Et du reste, on en fait quoi ?
On le vend entre autre aux Suisses qui repompent l’eau vers leurs barrages de haute montagne. Ils nous le revendent bien cher aux heures de pointe. C’est que l’opération est liée à beaucoup de pertes.
Autre solution : on essaye, avec succès, de fabriquer de la consommation. Toutes les pub pour le chauffage électrique, les convecteurs, les clims, la voiture électrique, etc ne sont pas là par hasard. Il faut essayer de faire consommer ce courant excédentaire à un prix convenable.
Le problème est que plus on produira du courant de base (microcentrales p. ex.), plus il faudra des consommateurs. Mais quand ces consommateurs vont tous se doucher à 6h30 du matin avant d’allumer la cafetière électrique, ce seront les centrales au gaz et au fuel qui vont devoir se mettre en route. Bonjour les gaz à effet de serre !
C’est donc clairement en réservant l’électricité aux besoins où elle est indispensable (éclairage, moteurs, électronique et électrochimie etc) et en faisant basculer les autres usages (chaleur et chauffage essentiellement) vers d’autres sources d’énergie (bois, solaire, géothermie profonde, isolation, vêtements adéquats, etc.) qu’on pourra réduire la consommation et donc arrêter les moyens de production dangereux comme les centrales nucléaires et au charbon.
Les centrales hydrauliques en Ariège
Le département de l’Ariège produit avec ses centrales hydrauliques déjà cinq fois plus de courant électrique que ce qu’il consomme !
Ceci au détriment de ses cours d’eau et de ses vallées de haute montagne fortement dénaturalisés.
Doc. La Dépêche du Midi du 7/11/2014 :
Ariège, terre promise de la houille blanche… La centrale d’Aston, mise en service en 1947, occupe une place importante dans le réseau des centrales hydroélectriques des Pyrénées.
Chaque année, selon le groupement EDF hydraulique Aude-Ariège basé à Tarascon, la centrale d’Aston produit 392 millions de kWh, soit la consommation estimée d’une population de 160 000 personnes. En simplifiant, la production de la seule centrale d’Aston pourrait couvrir la consommation du département de l’Ariège.
Deux catégories de centrales :
I – Les centrales au fil de l’eau :
Très courantes pour les petites et les moyennes puissances installées. C’est surtout dans cette catégorie que se situent les demandes de nouvelles installations contre lesquelles le CEA et le Chabot se battent.
Sur le Salat par exemple, entre Soueix et la confluence à Roquefort sur Garonne la moitié du dénivelé et plus de la moitié du linéaire sont occupés par les barrages de microcentrales.
Les conséquences sur l’écosystème ruisseau sont entre autres :
- Très fort ralentissement du cours d’eau et donc dépôt des matières en suspension qui colmatent les fonds dans la partie court-circuitée. D’où très forte réduction des échanges entre nappe alluviale et le cours d’eau, ce qui limite fortement l’effet « éponge » de la nappe alluviale en cas de crue.
– Oxygénation de l’eau réduite par manque de brassage et à cause de la surchauffe estivale.
– Asphyxie du fond des cours d’eau par surabondance de matière organique qui n’est plus métabolisée par manque d’oxygène. Ceci mène à la production de substances toxiques (hydrogène sulfuré par exemple) qui seront remises en suspension lors des crues.
– Interruption du transport des solides due aux barrages et au débit très faible des débits réservés, d’où important creusement des lits des rivières par le non-remplacement de matériaux exportés. Le niveau des nappes alluviales avoisinantes baisse par « vidange » vers le cours d’eau.
– Dans les cas de crues importantes , la « tête » de crue, très chargée en boues va être déviée par le lit du cours d’eau, les centrales se mettant à l’arrêt. Dès que le débit recule et que l’eau redevient plus claire, la centrale se remet en route et absorbe l’eau disponible. L’effet nettoyage par la « queue de crue » disparaît. La boue en suspension se dépose.
Même les meilleures installations permettant la montaison et la dévalaison des poissons se soldent pour la montaison par des retards de 1 à 3 jours par microcentrale. Sur le Salat, sans compter les barrages sur la Garonne, il y a 27 barrages à franchir. Les adultes (Saumons, etc.) perdent trop de temps et arrivent à maturité avant d’avoir atteint des sites de pontes convenables.
Pour la dévalaison, même les meilleures installations n’arrivent pas à empêcher d’importantes mortalités lors du passage des turbines par les juvéniles passant à travers les grilles.
II – Les centrales à accumulation par grands barrages et éclusées.
– Tout en étant beaucoup plus problématique pour l’environnement du cours d’eau, leur système de production est bien plus « intelligent » et mieux adapté à la production de courant de « pointe ». En dehors des risque qu’ils font courir aux populations en aval, leurs lacs de barrage détruisent inexorablement des vallées de haute montagne.
– Les éclusées (lâcher de grandes quantités d’eau sur une courte durée) ont des conséquences désastreuses sur la vie dans et en bordure des cours d’eau. Inondations et exondations répétées plusieurs fois par jour et qui se répercutent loin en aval des installations empêchent toute vie normale d’un cours d’eau. Ce qui est vraiment dommage est que ces centrales ne soient pas équipées de bassin de stockage de l’eau turbinée qui pourrait être soit remontée par pompage vers le lac de barrage pendant les heures creuses, soit restituée au cours d’eau d’une façon régulière et plus ou moins naturelle.
Les renouvellements de concession à venir seront l’occasion de se battre pour obtenir ces modifications.
Cet article ne prétend pas à être exhaustif. Le sujet étant complexe. Les compléments seront les bienvenus.