Comité Écologique Ariégeois

Association départementale agréée de protection de l'environnement en Ariège

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dimanche 9 juillet 2017

Ré-ouvrir des paysages : questions au PNR - l’avis (momentané) du CEA

Un adhérent nous a interpelés sur l’action du PNR pour "l’ouverture des paysages" (voir lien ci-dessous). Le sujet et son questionnement nous ont parus éminemment pertinents. Ceci touche les populations locales mais aussi les promeneurs, les randonneurs, les chasseurs,...et donc une association environnementale comme le CEA. Nous mettons donc dans cet article les échanges écrits qui ont eu lieu.
Le PNR a réagi à ces propositions et nous convie à des RV sur le terrain pour échanger nos points de vue (et ajuster ses missions ?)

Bonjour
J’ai interpellé le CEA suite à une rubrique du PNR sur la "réouverture" des paysages.(voir lien ci-dessous)
Je me permets d’y revenir après avoir lu l’article ci-joint à ce sujet dans l’Echo-09 qui est distribué gratuitement, notamment à la Biocoop de St-Girons.
La sémantique de l’article en ligne m’avait déjà questionné et celle de ce journal me fait réagir.

Première interrogation : perte de biodiversité du fait de l’extension de la forêt... Ah bon ?!

Seconde à propos des "objectifs environnementaux" et du mot de M.Cavaillé du PNR : "Nous contribuons à soutenir le développement économique grâce à une opération environnementale". C’est là qu’est l’ambiguïté à mon avis. Aujourd’hui "environnemental" sous-entend souvent écologique... Or couper des arbres à blanc ne l’est pas, écologique ! C’est économique, si le bois est revendu et des éleveurs installés ; c’est esthétique, avec une belle vue...mais ce n’est en aucun cas une action en faveur de l’environnement, bien au contraire, d’autant plus si l’on brûle les rémanents.

"La forêt était complètement abandonnée et mourante" indique plus bas Mme Vigneau Maire d’Arrout. N’est-ce pas là enfin un abus de langage qui couronne l’idée (fausse à mon humble avis) que l’homme doit dominer la nature par son intervention, notamment technique ? Le champs lexical de ces articles véhicule insidieusement ce point de vue (enfermement, déprise, mal entretenue, nuisances, éviter l’homogénéisation et la banalisation des paysages VS remédier, respirer mieux, ré-ouvrir le paysage, maintenir une ambiance humanisée et ouverte...) Déjà moi, je suis un peu con : je croyais que c’était la forêt qui nous faisait respirer ! Et quid des forêts primaires réduites à peau de chagrin par notre espèce ? On peut éventuellement en reparler, là, de la perte de biodiversité ?!

Bref, je ne dis pas que ces actions sont bonnes ou mauvaises. Je ne jouerai pas non plus les écolos extrémistes en me demandant si certains, à grand renfort de green washing, de subventions et de stagiaires en tronçonnage pour main d’œuvre, n’ont pas trouvé un bon créneau pour avoir du bois à revendre tout en "s’exclamant" devant cette nature encore plus grandiose car plus visible : Oh ! on voit à 360° !!! Non, je dis juste qu’aujourd’hui, il est je crois nécessaire de penser à l’avenir en intégrant à toute activité économique une responsabilité écologique. Concrètement ? Euh, faire du compost avec les déchets ou les broyer pour faire du paillage, installer de jeunes éleveurs en Agriculture Biologique ou mention Nature&Progrès (je peux vous dire qu’il y demande croissante aussi en produits bios et locaux !), avec un volet pédagogique (visite d’écoles) et, avant tout cela, veiller à préserver la faune et la flore en gérant durablement, si gestion il doit y avoir, le milieu naturel. Pour ce faire, je propose que la personne compétente en milieu forestier qui travaille maintenant avec le CEA, contacte, en vue d’une éventuelle collaboration, les chargées de missions "réouverture paysagère" du PNR.

Pour ceux que la question intéresse, je vous recommande la lecture de "La peur de la nature" de F. Terrasson, ancien Maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, qui remet l’homme à sa place : ni "gestionnaire", voire destructeur de la nature ...ni protecteur (en aucun cas supérieur donc !), mais simplement partie d’un écosystème.
http://www.sangdelaterre.fr/la-peur-de-la-nature---francois-terrasson_135_7.html

Merci de votre attention.

J.... P......


Le CEA étant interpelé, nous avons répondu :

Bonjour à tous les destinataires de ce mail de J. P.

Cette réaction à l’article et, en fait, à l’action du PNR dans ce volet paysager, nous interpelle également.

Qu’on recherche, à certains endroits, à privilégier une vue sur un paysage naturel qui réunit l’avis général et notamment local, cela peut se défendre. Mais pas systématiquement, pas partout, pas sans concertation avec les associations de protection de la nature (et des paysages) et surtout avec respect des équilibres biologiques en train de s’établir à ces endroits.

Parce que lorsqu’il y a déprise humaine dans la nature on ne peut pas dire aussi légèrement " forêt abandonnée et mourante, nuisances de la forêt, perte de la biodiversité ".

Quand les activités humaines décroissent ou disparaissent, la nature met en place tout un arsenal de BIODIVERSITÉ justement, que nous sommes incapables d’inventer. Il ne faut donc pas parler de disparition de la biodiversité puisque c’est le contraire qui se passe. Toutes les forêts anciennes sont aussi passées par des phases qui auraient pu paraître catastrophique au début. Mais c’est ainsi que la nature agit. La matière naturelle des 1eres phases n’est peut-être pas photogénique mais tout est là pour un devenir "naturellement beau".
Ce que produit l’humain peut devenir beau mais pas "naturellement beau". Sinon, on n’aurait jamais ménagé des Parcs Nationaux ou Régionaux pour justement préserver ce qui pouvait l’être encore. Dans NOTRE PNR il ne faut jamais perdre cela de vue.
Dans les parcs nationaux des USA aucune intervention humaine n’est tolérée, même pas le ramassage des bois morts pour faire du feu au camping (bien délimité) et surtout pas sortir des sentiers aménagés. Cet extrême n’est évidemment pas applicable dans un PNR mais cela montre bien combien la nature est sensible à notre présence. N’oublions jamais cela.

Là où je veux en venir, c’est que l’on doit pouvoir concilier un certain aménagement des espaces naturels avec nos activités et notre vision de l’environnement ET sans perdre de vue le respect des équilibres naturels, en faisant usage de sagesse et de parcimonie.
Ne peut-on pas retrouver des paysages d’antan sans tout couper ? Les coupes rases ne sont pas la solution à tout. Et c’est là que la concertation est utile. On ne peut pas dire à une entreprise d’élagage "dégagez moi ce paysage" sans avoir préparé le chantier, décidé de ce qu’on garde, ce qu’on doit préserver, comment on intervient, qu’est ce qu’on fait de ce qui est coupé, etc...

Donc, en tant que membre du CA du CEA, en tant que participant des réunions sur la Protection de la Biodiversité du PNR, j’appuie cet avis de Julien P en demandant à Mr Rouch, Mr Cruege, Mmes Fleury et Roulier, Mr Cavaillé, de prendre en compte nos observations et garder à l’esprit ce respect de la biodiversité dans ces chantiers critiques où la nature a commencé à se rééquilibrer.

Nous serions très honorés d’être invités aux études sur le milieu quand un projet de chantier de ce type émergera de nouveau.

Bien cordialement à vous

Le secrétaire au CA du CEA


Comme dit dans le chapeau de cet article, un RV sera fixé sur le terrain entre le PNR, le CEA et le spécialiste des forêts de FNE-MP travaillant avec nous 2 jours par mois.


Voir en ligne : Le PNR et les paysages

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