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mardi 8 octobre 2013
A l’heure où la vindicte anti-ours s’exaspère...
Point de vue personnel
A l’heure où la vindicte anti-ours s’exaspère, il est temps que les uns et les autres comprennent que l’époque n’est plus à la destruction mais à la coopération. Au début du XXème siècle, les montagnards, aidés de quelques chasseurs citadins, n’avaient de cesse d’occire ce qui semblait contredire leur hégémonie prédatrice : ours, loup, lynx, belette, fouine, loutre, chats sauvages, etc. Entre prédateurs, les humains sont les plus redoutables à cause de leur technologie.
Malgré les efforts balbutiants de l’État et de l’Europe pour réintroduire ces partenaires "écologiques" dans notre biodiversité (les animaux sauvages), il manque la conscience et la sagesse des populations afin de les accepter.
Il manque aussi, de la part des organismes d’État responsables de ces réintroductions, l’effort pédagogique et compréhensif des réalités du terrain. Le financement est incapable à lui seul d’assurer la réussite des implantations.
On doit se préoccuper des réalités factuelles, des réflexes ancestraux de chasse, des mentalités ancrées sur la survie des exploitations d’élevage et s’assurer en fin de compte que les divers engagements sur ce sujet, contractés par chaque partie, sont bien explicites et sûrs pour l’avenir.
Si ce travail n’a pas été fait dans le passé, on doit s’y atteler à nouveau, sinon les réintroductions ne se feront (car c’est inéluctable) que par l’argent et les sanctions. On voit bien que ces critères sont viciés dès le départ s’ils ne s’accompagnent pas d’une approbation mûrement réfléchie et consentie.
Pour le moment seuls les acteurs de terrain garants de l’intégrité des animaux réintroduits et dont la mission est difficile, restent le rempart efficace entre les ressentiments chimériques des uns et la réalité zoologique des nouveaux venus dans les alpages. Mais jusqu’à quand ?
Un autre frein à la vindicte des chasseurs, éleveurs et politiques est le système judiciaire des sanctions
(ici et là). Mais jusqu’où ira un tribunal si un massacre collectif d’animaux est programmé. Va-t-on emprisonner éleveurs, chasseurs et politiques responsables ?
Le CEA, conscient de l’enjeu, demande aux responsables ministériels (et le moment est à la fois crucial et judicieux, après l’entrevue de Cap Ours à la préfecture) de reprendre la politique de réintroduction et de protection des espèces en voie de disparition ou en difficulté sous un angle plus compréhensif de la réalité sociale montagnarde. Et on a souligné dans cette entrevue, les exemples positifs de la pastorale Pyrénéenne.
On a abandonné la voie pédagogique de la concertation VRAIE avec chaque courant et composante socio-économique montagnard. L’État ne peut plus passer en force avec juste la pression de la loi ou des règlements européens. On le mesure avec d’autres secteurs de la vie publique : implantation d’usines, d’hypermarché, de lotissements, d’infrastructures... Ici aussi, on doit reprendre les consultations, les explications, peut-être des "votations" comme en Suisse. C’est indispensable !
Serge Salanove
Trésorier du CEA
Août 2013
Voir en ligne : 2010-La mutilation de l’ours Balou sanctionnée