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vendredi 29 janvier 2016
L’INRA et le CGDD découvrent la nocivité des engrais et produits chimiques !
Ce que l’on sait depuis des dizaines d’années, un service d’Etat, le CGDD (le Commissariat Général au Développement Durable) vient de le découvrir et promet des solutions.
En dépit de notre ton un peu narquois, nous accueillons avec soulagement et espoir les travaux de ces deux chercheurs : Vincent  Marcus et Olivier  Simon.
Voyons leur constat et leur solution.
Date de publication : Décembre 2015
Les deux chercheurs dénoncent à la fois les excès d’utilisation des produits azotés et des pesticides et les diverses pollutions liées : les sols, les cours d’eau souterrains et de surface, pollution de l’air et émissions de GAES, atteintes à la biodiversité et enfin les "risques" sanitaires. 
Pour un coût global de 2,9 milliards d’euros par an : telle est la somme faramineuse avancée par le Commissariat général au développement durable (CGDD) chiffrant ce que coûtent les pollutions agricoles par an à l’ensemble de la collectivité.
Les deux chercheurs se limitent aux atteintes des agriculteurs... pour les consommateurs, on verra plus tard...
Les graphiques ci-dessous se lisent facilement en cliquant dessus :
 
 
Page 12 : En France, entre 1997 et 2007, 1554 signalements d’intoxications liées aux pesticides26 dans le cadre du travail ont été répertoriés par la mutualité sociale agricole (MSA). 1067 d’entre eux, soit 68,6 %, sont imputables aux pesticides. Parmi ces dossiers imputables, 54,6 % sont plausibles, 43,0 % vraisemblables, 2,3 % très vraisemblables. Par ailleurs, un agriculteur sur six souffrirait d’effets indésirables liés à l’utilisation de substances chimiques27. Une apparition plus fréquente de certains cancers28 a notamment été constatée et l’exposition aux pesticides doublerait quasiment le risque de survenue de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs29.
 
 
Ensuite les deux chercheurs, tentent d’évaluer les coûts induits par ces diverses pollutions (qu’ils dénomment : coût des externalités environnementales)
Enfin, ils énumèrent les diverses règlementations officielles censées limiter les dégâts environnementaux : directive nitrates de 1991, règlementations européennes et nationales, interdiction des épandages aériens, loi d’orientation agricole de 2014 devenant opérationnelle le 1er janvier 2016, règlementations spécifiques liées à la qualité de l’air et de l’eau, les instruments économiques (fiscalité notamment). A ce sujet, il est reconnu que 5% ,seulement des exploitations concernées par les pollutions nitrate paient cette fiscalité.
Ils citent les aides publiques en fonction : Programmes de maîtrise des pollutions d’origine agricole (PMPOA), Projet Agroécologique pour la France de 2012 et enfin les approches volontaires comme le plan de la ville de Munich pour retrouver une eau de consommation potable, et ceux de Lons-le-Saunier et de Vittel. Pour chaque cas, il est à noter que ce sont les finances publiques (contribuables) qui paient l’addition. La double peine, quoi !
 
Le cas de Vittel
En  1987,  la  Société  Générale  des  Eaux  Minérales  de  Vittel  observe  une  augmentation  de  la  teneur  en  nitrates  des  eaux alimentant sa source d’eau minérale. Après avoir identifié les pratiques agricoles exercées sur le bassin d’alimentation (lait et céréales) comme responsables de cette augmentation de la teneur en nitrates, le groupe Vittel commence une politique de rachat  des  terres  du  périmètre  d’alimentation.  Cependant,  l’achat  foncier  a  été  limité  par  le  refus  de  vendre  de  quelques propriétaires.  Afin  de  remédier  au  problème,  Vittel  a  proposé  une  aide  au  changement  de  pratiques  (aide  au  revenu, investissements dans les fermes, réalisation de certains travaux liés à la gestion des déjections animales, mise à disposition gratuite  des  terres  en  propriété  Vittel  achetées  auparavant  pour  réduire  la  charge  animale  à  l’hectare)  en  échange  d’un engagement, par une convention sur 18 ou 30 ans, à suivre un cahier des charges strict. Le coût total estimé pour Vittel a été de 24,25 M€, soit 980 €/ha par an ou 1,52 € par m3 d’eau produite, hors coûts de création et de fonctionnement50. Cette politique de contractualisation a permis de réduire la teneur en nitrates des eaux utilisées par la société.
Le cas de Lons-leSaunier
La ville de Lons-le-Saunier a dû mettre en place des mesures pour stopper l’augmentation régulière des taux de nitrates dans les eaux  depuis  les  années  1960.  Des  conventions  avec  les  agriculteurs  concernés  ont  ainsi  été  contractées.  Les  coûts  de  ces mesures s’élèvent à 0,013 €/m3, très nettement inférieur au traitement des nitrates en station de potabilisation51. Les aides de la  ville  aux  agriculteurs  s’accompagnent  d’une  garantie  d’achat  par  les  cantines  scolaires  des  produits  biologiques  issus  des exploitations  sous  convention.  Éleveurs,  maraîchers  et  céréaliers  ont  ainsi  une  garantie  de  débouché  local  pour  un  volume quotidien de 8 000 repas en période scolaire, soit environ 1,2 million de repas à l’année.
Le cas de Munich
Traversant les zones agricoles des Préalpes, l’eau distribuée dans la ville de Munich faisait apparaître des teneurs en nitrates et pesticides relativement élevées. Afin de remédier à la situation, la ville a tout d’abord mené une politique d’acquisition des terres  agricoles  et  des  forêts  dans  les  aires  de  drainage  des  prises.  Toutefois,  face  à  l’accroissement  des  activités  agricoles polluantes dans la région (la teneur en nitrates des eaux captées dans la vallée de Mangfall était passée de 0,8 à 14,2 mg/l entre  1953  et  1991),  une  politique  de  contractualisation  a  été  mise  en  place  dans  un  second  temps.  La  ville  de  Munich proposait  ainsi  aux  agriculteurs  situés  dans  une  zone  de  captage  de  son  eau  potable  une  compensation  financière  pour  la reconversion en agriculture biologique.63 La conversion de la plupart des agriculteurs de l’aire concernée a alors permis une distribution  de  l’eau  au  robinet  sans  le  moindre  traitement. Le  coût  du  programme  de  soutien  à  l’agriculture  biologique64 s’élève  à  0,83  M€  par  an,    ce  qui  revient  à  0,01  euro  par  m3  d’eau  distribué.  À  titre  de  comparaison  et  sous  réserve  des différences entre les situations, le seul coût de la dénitrification est estimé à 0,3 euro par m3 en France.
L’étude termine par l’Encadrement des engrais minéraux azotés et des produits phytosanitaires dans quelques pays européens qui ont utilisé des instruments à la fois économiques et fiscaux pour faire baisser les divers intrants : Finlande, Suède, Autriche, Norvège, Pays-Bas, Danemark.
Cette étude paraît exhaustive dans le rapport catalogue/coût des diverses pollutions azotées et pesticides. Mais les solutions annoncées dans le titre paraissent très faibles surtout à la mesure d’un manque de volonté politique qui les mettraient en œuvre !
Dans la même veine des retours aux modes de cultures ancestraux (pourquoi les a-t-on abandonnés ?) les ingénieurs agricoles de TOULOUSE-Purpan publient également leur solution. A lire dans le PDF ci-contre :
Voir en ligne : Les pollutions par les engrais azotés et les produits phytosanitaires : coûts et solutions

